L’effondrement libanais : quelques hypothèses, par Frédéric FARAH et Jérôme MAUCOURANT
Plusieurs interprétations de la crise libanaise sont discutées. La thèse mettant en avant le caractère politique du capitalisme libanais est privilégiée, grâce à la problématique de Max Weber, même si l’élite dirigeante a radicalisé la Wealth Defense propre aux États capitalistes contemporains. Fondée sur l’exportation du travail qualifié et l’importation de capitaux, la structure économique interne – totalement négligée par un État néo-patrimonial – ne cesse de s’affaiblir, ce qui engendre une croissance de la dette publique et le recours à des privatisations d’une ampleur extrême. Le sommet de la société parvient ainsi à se nourrir du dysfonctionnement global. La politique d’ancrage de la monnaie nationale au dollar ne pouvait alors qu’être un théâtre de l’illusion, d’autant que plusieurs facteurs concouraient à l’appré- ciation du taux de change réel (dont le « syndrome hollandais »). La cécité de nombre d’expert est stupéfiante, notamment leur apologie idéologique du taux de change fixe. Le gouverneur de la banque centrale, visé par des enquêtes portant sur une corruption inouïe, a bénéficié de l’indulgence de ces experts. Il n’y avait pas de « miracle libanais » mais une simple exploitation de la « crédulité routinière » des intérêts financiers (Veblen).
Mots-clés : capitalisme politique, déficits jumeaux, Liban, monnaie forte, Néo-patrimonialisme, Veblen. JEL : A10, A11, B50, E58, F24.
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